Biographie
Nat NEUJEAN est né à Anvers le 5 janvier 1923 et décédé le 4 février 2018 à Bruxelles. C’est dans cette ville d'Anvers, au sein d’une famille originaire d’Europe centrale, établie en Belgique depuis la Première Guerre mondiale, famille nombreuse, chaleureuse et cultivée, très musicienne, qu’il fit sa première scolarité.
À 14 ans, il quitte son milieu familial, occupe un
atelier à Anvers où il s’initie à la sculpture, comme il le souhaitait depuis son plus jeune âge. Il est accepté comme élève libre à l’Académie des Beaux-Arts de cette ville, durant les années 1939 à 1941, où il recevra l’enseignement exigeant de grands maîtres de la sculpture et du dessin belges (Arthur Dupon, Franz Claessens,…).
En 1941, les autorités allemandes exigent l’expulsion des étudiants belges d’origine juive des lieux d’enseignement, malgré le soutien des directeurs (Baron Isidore Opsomer à Anvers). Nat Neujean quitte alors cette ville et s’installe définitivement à Bruxelles où il travaille tout en vivant dans la clandestinité. C’est de cette époque que datent ses premières commandes et ses premiers portraits.
Après la guerre, il s’établit, de 1946 à 1947, à Paris où il se consacre à l’étude de l’anatomie à l’École des Beaux-Arts. Rentré à Bruxelles, il réalise à partir de 1950 ses premières expositions de groupe et une série de commandes officielles (villes de Namur, de Charleroi, Bruxelles). C’est à la même époque qu’il est engagé comme conseiller artistique de à la Manufacture de
Céramique et Porcelaines CERABEL à Baudour, où il exécute diverses compositions en biscuit (dont une "Eve" de deux mètres de hauteur).
bouleversante de ces figures fantomatiques, destinées à la destruction totale. Indépendamment de ces œuvres de création, il réalisera de nombreux portraits, dont les derniers datent des années 2013-2014, ainsi que des médailles.
Fortement éprouvé par les horreurs de la guerre 40-45, il commence les études préliminaires à « la Mémoire de la Déportation » à laquelle il consacrera une grande partie de son œuvre. Les victimes de l’Holocauste resteront omniprésentes dans son travail, offrant une image
Après cette exploration douloureuse des tragédies du XXe siècle, il aborde d’autres thèmes à partir des années 60 : la beauté et l’harmonie du corps féminin dans ses mouvements et ses formes généreuses, la
relation empathique entre personnages désemparés,recherchant soutien tendresse et réconfort.
Cette œuvre déjà abondante et multiple, fidèle sans compromis à la figuration, attire l’attention des grandes galeries d’art américaines, également impressionnées par la qualité technique de ses bronzes cire perdue. Une première exposition à New York (1964) est suivie d’une rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Boston (1964) et d’une invitation à enseigner comme professeur étranger à la Fine Art School de l’Université de Boston.
Par la suite, les sculptures de Nat Neujean seront exposées tout au long de la 2e moitié du XXe siècle à Washington, Chicago, Dallas, Houston, Palm Beach, Detroit,…(États-Unis), à Toronto, Montréal (Canada), en Australie.
La Belgique, les Pays-Bas, la France, l’Italie, l’Angleterre lui ont consacré à de nombreuses reprises, des expositions personnelles, ainsi que collectives avec des artistes de renom.
Sur le plan technique, Nat Neujean a réalisé quelques œuvres en biscuit, en pierre et en marbre de Carrare, mais la quasi-totalité de ses sculptures sont en bronze cire perdue.
Les premiers fondeurs auxquels il a fait appel étaient les Frères Battardi, établis à Bruxelles. Après leur décès, Neujean a travaillé exclusivement depuis 1955 avec la Fonderia d’Arte De Andreis à Milan (Italie)
où il a retrouvé les grands sculpteurs italiens (Manzù, Marino Marini, Greco, Negri,…). Un lien indéfectible l’a toujours lié au père puis aux fils De Andreis, en raison de leur sens artistique, leur compétence, leur fidélité et leur respect pour l’artiste.
Nat Neujean est élu membre de l’Académie Royale des Arts, des Sciences et des Lettres de Belgique en 1972, et nommé directeur de la classe des Beaux Arts en 1978.
En 1986 est inauguré officiellement le buste de Robert Schuman par le ministre Louis Olivier et les membres de la Communauté Européenne.
En 1993, une rétrospective de son œuvre a lieu à la KB Toren d’Anvers, ville de sa naissance, qui est à l’époque sacrée capitale européenne de la Culture.
En 1995, il est nommé membre de l’Accademia Nazionale di San Luca de Rome, fondée par le pape Sixte IV en 1478.
En 2003, une nouvelle rétrospective, composée d’une centaine de ses bronzes est inaugurée à l’Académie Royale de Belgique à l’occasion de ses 80 ans, par le président de l’Académie, le
Professeur Guillaume Wunsch et le Président de la Commission Européenne, Romano Prodi.
En 2013, une rétrospective lui est consacrée au Mémorial de la Kaserne Dossin (Malines, Belgique).
Nat Neujean fait don au Musée de de la sculpture monumentale
« Les Sentinelles de la Mémoire ».
Nat Neujean est marié au docteur en médecine A. Gallez (professeur honoraire à l’Université libre de Bruxelles) ; ils ont deux fils, Martin, Styliste et Bertrand, peintre et portraitiste (cf.
Bertrand NEUMAN : Faces, éditions Art in Belgium, 2004).
Il est Grand Officier de l’Ordre de Léopold et Grand Officier de l’Ordre de la Couronne.
Nat Neujean, un artiste résolument polyvalent est resté farouchement figuratif tout au long de sa longue carrière.
Il a consacré une grande partie de son activité créatrice à l’art du portrait, genre tristement délaissé actuellement et où il s’est forgé une réputation internationale.
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En témoignent les nombreux bustes de personnalités qu’il a réalisés au fil de rencontres mais aussi d’après photos pour certains, et ce jusqu’à la fin de sa vie.
A côté d’œuvres puissantes et douloureuses, évoquant avec beaucoup de dignité les drames du XXe siècle, il s’est voué avec une passion
chaleureuse à la célébration de la beauté féminine dans sa plénitude ou son désarroi, ses conflits et ses émotions.
Totalement engagé dans les événements de son époque et de ses questionnements universels, il a rejeté toutes les modes d’expressions passagères en demeurant dans l’éternelle lignée des grands maîtres de la figure humaine...